Bataille d'Orthez - 27 février 1814

 

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Témoignages sur la bataille d'Orthez

 

George Thomas Napier
(Major au 52st Régiment de la Division Légère et frère de Willams Napier)


 « À Orthez, une ville en France à une vingtaine de miles de Pau, nous sommes arrivés avec l'armée du maréchal Soult, qui a été postée sur une longue série de colline, avec une grande plaine de l'arrière où passent les routes de Bayonne, Bordeaux et Toulouse, et en face de la position de l'ennemi et immédiatement en son centre était un profond marais où coulait un petit ruisseau, mais jamais mentionné -en effet en été il est sec. Sur la droite il y a un village dans lequel Soult avait placé une très lourde colonne d'infanterie et d'artillerie. Il considérait cette partie comme la clé de sa position, étant donné qu’il n'a pas de souci à avoir concernant son front à cause des marécages. Sa gauche était au-dessus de la ville d'Orthez, où il se tenait, et là il a mis le général Foy avec de fortes troupes aussi. Notre armée, qui avait passé la rivière au cours de la matinée à différents gués (et dont je suis surpris que Soult ait permis le faire aussi facilement), était réunie en différentes colonnes, en attendant l'ordre d'attaque. La colonne du général Picton était sur la droite face à la gauche de l'ennemi, la Division Légère, constituée principalement de la 52e Régiment (le 43e était à l'arrière pour renouveler ses uniformes), devait attaquer en ligne le centre français, et le général de Cole commandé la colonne de gauche qui devait attaquer le village a déjà mentionné sur la droite de l'ennemi. Alors que nous étions dans l'attente du signal d'attaque, j’étais arrivé près de Lord Wellington, qui était en train d’observer l'ennemi avec sa longue-vue et de percevoir un changement dans les mouvements de maréchal Soult, il a immédiatement modifié le plan de son attaque et a ordonné le 52e Régiment de se former en ligne et de marcher tout droit à travers le marais et d'attaquer le centre de la position de l'ennemi sans délai. En quelques minutes, nous étions en pleine marche, enfoncé jusqu’aux genoux dans la tourbière, alors que l'ennemi déversait sur nous un feu bien nourri depuis les hauteurs au-dessus de nous, et que nous ne pouvions plus revenir sur nos pas. Je n'ai jamais vu nos hommes se comporter avec autant plus de constance ou de bravoure, mais, en raison du terrain, notre ligne n'a pas été très correcte. Mon cheval était embourbé dans la tourbière, et en dépit de tous mes efforts pour le stimuler et des coups de pied que lui donnait Lord March, nous ne pouvions pas le bouger, ce qui m'a obligé à le laisser à mon domestique, et de prendre le sien. Enfin, nous avons fait retraiter l'ennemi et avons atteint le haut de la colline, puis nous avons réorganisé notre ligne et avons commencé à notre tour un feu roulant, en progressant en même temps. Au cours de notre avance dans le marais la droite et la gauche de notre armée a attaqué, mais sans faire aucune décision, en effet notre colonne de gauche sous la direction de Sir Lowry Cole a été repoussé plusieurs fois et a gravement souffert, l'ennemi étant en grande nombre dans le village et fortement positionné pour permettre à nos troupes de forcer leur position. Toutefois, lorsque le maréchal Soult a découvert que notre régiment avait réussi à gagner le centre de sa position et ne cessait de progresser, il a donné l'ordre de retraiter, ce qui a été fait dans le meilleur ordre possible, et comme la nuit est venue très rapidement, nous avons abandonné la poursuite et avons bivouaqué. Et c'est ainsi que s'est terminée la bataille d'Orthez, sans trop de perte pour les deux camps - je suppose pas plus douze cent de notre part, et peut-être quelques centaines de plus pour les Français - excepté que nous avons fait prisonniers un grand nombre de conscrits.
    Juste avant que nous ayons complètement chassés les Français de leur position j’étais à la droite de notre régiment, lorsque Lord March, qui était un des capitaines de celui-ci et avait rejoint l’état-major de Lord Wellington, est venu vers moi et m'a dit, « George, voyez-vous je ne suis pas encore touché bien que vous avez juré que je devrais l’être dès que je quitterai l’état-major et rejoindrai mon régiment », faisant allusion à une de mes blagues datant de quelques jours auparavant. J'ai répondu: "Ne crier victoire jusqu'à ce que vous soyez hors du bois, l'action n'est pas encore terminée, mon Lord March." Je n'avais pas fait cent pas qu’un sergent accourra près de moi, en disant: «Oh, Sir, Lord March a été tué! "Je suis allé près de lui, et j’ai trouvé mon brave, talentueux, jeune ami couché avec sa tête sur les genoux de mon frère William, avec toutes les apparences d'un corps sans vie. J'ai été profondément choqué, j'ai suis descendu de mon cheval et je lui ai baisé le front, et a pris sa main froide dans la mienne, mais mon devoir m'appelait ailleurs et je l’ai quitté avec mon frère (dont le régiment n'est pas engagé et qui était donc non sollicité), en étant persuadé que j'allais être séparé de lui pour toujours. Mais Dieu merci, j'ai eu tort, car il a récupéré – bien que la balle soit à ce jour dans sa poitrine- et il était suffisamment bien pour nous rejoindre à Toulouse, à la grande joie du 52e Régiment, de la Division Légère, et je dirai même de l'armée entière, car il était connu de tous, et connaître Lord March était suffisant pour l'aimer. Il était impossible pour un jeune homme d'être autant populaire ou de mieux le mériter, à la fois comme un homme et un soldat.»


« At Orthez, a town in France about twenty miles from Pau, we came up with Marshal Soult's army, which was posted on a long range of very high ground, with a large plain in its rear over which passed the roads to Bayonne, Bordeaux and Toulouse; and in front of the enemy’s position and immediately in its centre was a deep marsh through which ran a small rivulet, but of no note -indeed, in summer it is dry. On the right was a village in which Soult had placed a very heavy column of infantry and artillery. This he considered the key of his position, as he did not fear for his front or centre in consequence of the marshy ground. His left was Just above the town of Orthez, which he held, and here he had placed General Foy with a strong force also. Our army, which had passed the river during the morning at various fords (and which I am surprised that Soult permitted us do so easily), had assembled in different columns, waiting the order of attack. General Picton’s column was on the right facing the enemy's left; the Light Division, consisting principally of the 52nd Regiment (as the 43rd had gone to the rear for clothing), was to attack the centre of the French in line; and General Cole commanded the left column which was to attack, the village already mentioned on the enemy right. While we were waiting for the signal to attack I happened to be near Lord Wellington who was observing the enemy with his telescope and perceiving an alteration in Marshal Soult's movements, be immediately altered the plan of his own attack and ordered the 52nd Regiment to form line and march straight through the marsh and attack the centre of the enemy's position without delay. In a few minutes we were in full march, up to our knees every step in the bog, the enemy pouring a. heavy and well-directed fire upon us from the height above, which we could not return. I never saw our fellows behave more steadily or more gallantly; but, owing to the ground, our line was not very correct. My horse floundered in the bog, and in spite of all my spurring and Lord March’s beating and kicking him, we could not make the poor brute stir, so I was obliged to leave him to my servant and take his. At last we made the enemy retire and gained the brow of the hill, and then dressed our line and commenced a heavy rolling tire in our turn, advancing at the same time. During our advance through the bog the left and right of our army attacked, but made no impression; indeed our left column of attack under Sir Lowry Cole was driven back several times and suffered severely, the enemy being in great force in the village much too strongly placed for our people to force them from their position. However when Marshal Soult found that our regiment had succeeded in gaining the centre of his position and was steadily advancing, he gave orders for retreating, which was done in the best order possible; and as night very soon came on, we: gave up the pursuit and bivouacked. And thus ended the battle of Orthez, without much loss on either - I suppose not twelve hundred on our part, and perhaps a few hundred more on that of the French  - except that we took great numbers of conscripts prisoners.
    Just before we had completely driven French from their position I has ridden to the right of our regiment, when Lord March, who was a captain in it and had joined from Lord Wellington’s staff, came up to me and said, ' George, you see I am not hit yet though you swore I should be as soon as I left the staff and joined my regiment,‘ alluding to a joke of mine a few days before. I answered, 'Do not holloa till you’re out of the wood; the action is not over yet, my Lord March.’ I had not gone a hundred paces when a sergeant, came running after me, saying, "Oh, sir, Lord March is killed!” I went to him, and found my gallant, high-spirited, young friend lying with his head in my brother William’s lap, to all appearance a lifeless corpse. I was deeply shocked; I dis­mounted from my horse.; I kissed his forehead, and took his cold hand in mine; but my duty called me elsewhere and l left him with my brother (whose regiment was not in action and he was therefore at leisure), in the full persuasion that I had parted with him for ever. However thank God, I was wrong, for he recovered – though the ball is to this day in his chest- and was sufficiently well to join us at Toulouse, to the great joy of the 52nd Regiment, the Light Division, and I may say the whole army, for he was known by all, and to know Lord March was sufficient to love him. It was impossible for any young man to be more popular or to deserve it better, both as a gentleman and a soldier.
»

 

Sources : "Passages in the early military life of general sir George T. Napier, written by himself, ed. by his son, W.C.E. Napier" - George Thomas Napier- 1884