Bataille d'Orthez - 27 février 1814

 

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Témoignages sur la bataille d'Orthez

 

Mémoire du Major  Harry Ross-Lewin
Capitaine du 1er bataillon du 32ème d'infanterie
Brigade Lambert de la 6ème Division Clinton à Orthez

« Après avoir dirigé Sir John Hope pour investir Bayonne et amener Soult derrière le Gave de Pau, Wellington était maintenant résolu d'attaquer ce dernier à Orthez. Le 26, la 3ème Division et la cavalerie passèrent à gué le Gave de Pau au-dessous d'Orthez, et la 4ème et 7ème Division à un point encore plus loin en dessous de la rivière. Il était prévu que le corps de Sir Rowland Hill et la 6ème Division avec la Division Légère forcent le pont d'Orthez; mais il fut, après réflexion, recommandé de ne pas faire de tentative.
Au matin du 27, j'ai vu Lord Wellington pour la première fois durant cette campagne; il avait été reconnaître l'ennemi, et, assis sur l'herbe avec son célèbre manteau court et blanc, il prit quelques morceaux de papier et commença à écrire; mais la bruine qui tombait l'incommoder. Un autre officier et moi-même, apercevant la gène dont il souffrait, nous nous procurèrent un parapluie, que mon compagnon fixa près de lui de façon à abriter le papier, et se retira, sa seigneurie le remercia pour cette attention. Comme Sir Rowland Hill a été vu traversant la rivière au-dessus d'Orthez peu de temps après, nous en avons déduit que cet ordre a été écrit pour lui.
La 6ème Division et la Division Légère s'étaient déjà dirigées en dessous du point où la 3ème Division était passée à gué, et  traversèrent sur un pont de bateau qui avait été fixé pour les canons. Le (Gave de) Pau était une rivière très difficile à franchir à pied, car les gués étaient profonds, et le courant coulait avec une force considérable.
Soult occupait un ensemble de collines, qui formait une courbe concave vis-à-vis du front, sa gauche était restée à Orthez et sa droite sur une pente raide au-devant du village de St. Boès. Il avait aussi une forte réserve postée sur les hauteurs qui commandaient la route par laquelle il devait retraiter, s'il était délogé de sa forte et confortable position.
Le Maréchal Beresford, avec la 4ème et 7ème Divisions et une brigade de cavalerie, commença la bataille en attaquant la droite de l'ennemi; mais après avoir emporté le village, il échoua dans sa tentative de déloger l'ennemi des hauteurs, à cause de la nature désavantageuse du terrain pour les forces assaillantes et du feu considérable de l'artillerie et de la mousqueterie. Une fois cette attaque réussie, Sir Thomas Picton, avec la 3ème et 6ème Divisions et une brigade de cavalerie, soutenues par la Division Légère devaient s'avancer sur le centre et la gauche de l'ennemi; mais l'attaque du centre ne pouvait être lancée tant que la droite de l'ennemi restait ferme. Lorsque nous avons atteint le sommet du haut terrain en face des positions de l'ennemi; plusieurs canons ouvrèrent le feu sur nous, et, un boulet ricocha devant mon régiment et passa à travers. Je me retournai pour voir sa course à travers le large champ derrière nous. Il fila vers un point où un soldat isolé était en train de chercher un sac à dos et le frappa en le laissant instantanément sans vie.
Le plan de l'attaque fut rapidement changé; la 7ème Division du général Walker et une brigade de la Division Légère du colonel Barnard furent amenées vers une hauteur sur laquelle la droite de l'ennemi était positionnée, tout en visant un point à proximité de son centre; et la 3ème et la 6ème Divisions avancèrent, en même temps, sous les ordres respectifs de Sir Thomas Picton et Henry Clinton. Un feu intense fut ouvert à partir des positions vers lesquelles les troupes s'approchaient, mais l'ennemi retraita soudainement; Sir Rowland Hill avait passé la rivière et marchait vers la route principale de Saint-Sever pour couper, selon les instructions, leur retraite. Ce mouvement fut accompli avec un rapidité suffisante ce qui causa la retraite de l'armée, qui se replia tout d'abord en bon ordre, pour ensuite rompre les rangs et courir de peur d'être interceptée. Il s'est dit que leurs pertes avaient dépassé les 6000 tués, blessés et prisonniers; la proportion de prisonniers faits durant la poursuite fut très grande. Leurs pertes en tués et blessés devaient être moindre que les nôtres, car ils avaient largement profité de l'avantage du terrain, et par leur soudaine retraite n'avaient pas trop souffert de l'approche de l'infanterie. L'action clé de la bataille avait été soutenue par la 3ème et la 4ème Divisions. Un soldat du 88ème, un des régiments de la 3ème division, en observant, sur un uniforme d'un soldat français mort, le même numéro que lui, s'exclama avec étonnement : "Le soleil m'a brûlé, mais la France a les Connaught Rangers (nom du 88ème) aussi !".
Ma division n'alla pas plus loin qu'Orthez cette nuit-là. Le lendemain nous continuâmes la poursuite à Saint-Sever. »

 

Sources : "With "The Thirty-Second" in the Peninsular and other Campaigns" par Hary Ross-Lewin, Hodges, Figgis & Co, Dublin,1904