Bataille d'Orthez - 27 février 1814

 

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Lettre du préfet du département

Pau, le 28 février 1814

Il y a eu hier sur les hauteurs qui dominent Orthez un engagement général entre notre armée et celle de l'ennemi que l'on peut, d'après les détails que l'on me donne, considérer comme une bataille. Un officier qui a quitté la division Harispe à quatre heures m'a dit que nos troupes s'étaient battues avec une bravoure toute française, que cependant après un feu terrible qui a duré quatre ou cinq heure, notre armée a dû céder au nombre et faire sa retraite qui avait lieu, au moment où il est parti, dans le meilleur ordre. On ignore quelles sont nos pertes; elles doivent être assez considérables, mais celles de l'ennemi le sont certainement bien davantage puisque nous occupions de bien belles positions. La personne que j'ai vue ne savait pas si nous avions perdu de l'artillerie. Le quartier général doit être à Saint-Sever. Nous attendons les détails avec la plus vive impatience.
Des corps de cavaliers anglais sont à deux lieues de nous sur la route d'Orthez. Nous sommes tout à fait découvert. Nous n'avons dans cette ville qu'une légion de 1.200 gardes nationaux d'élite du département des Hautes-Pyrénées, 200 chasseurs à cheval et quelques centaines de paysans que je suis parvenu à rassembler et à armer mais dont on ne peut rien attendre. Les travaux de fortification de campagne que M. le maréchal a ordonnés se continuent et ont été poussés depuis deux jours avec assez d'activité.
J'ai fait porter plus de 400 voitures de denrées et d'effets militaires appartenant à l'armée; la plus grande partie de ces évacuations se dirige sur Aire et Barcelone, département du Gers. J'écris au sous-préfet de Bayonne que M. le maréchal a retenu au moment où il se rendait à Bayonne pour rentrer dans cette place, en lui prescrivant d'aller à Garlin, commune à moitié route d'ici à Barcelone, pour diriger et hâter le marché de lundi.
L'on n'aperçoit  trop aujourd'hui combien la mauvaise conduite de nos troupes a indisposé les populations. Les hommes qui n'ont ni principes ni patrie exercent sur l'opinion, dans ces difficiles circonstances, une funeste influence. Les Anglais persisteront dans les dangereux systèmes de séduction; ils répandront partout l'or et les caresses.
Hier le général espagnol Morillo, dont les troupes font partie de celles chargées du siège de Navarrenx, écrivit au maire d'Oloron en lui demandant des renseignements sur la situation et la marche de notre armée. Ce fonctionnaire m'a marqué qu'il avait envoyé la lettre sans réponse.

DE VENSSAY.

P.S. – L'on avise que l'on entend dans ce moment, 10 heures du matin, une fusillade à la distance de deux lieues, d'une lieue et demi de cette ville, si cela était il faudrait que quelque corps de nos troupes ait été hier soir ou dans la nuit coupé de l'armée.

 
Source : "La bataille d'Orthez (27 février 1814)" Louis Batcave.