Bataille d'Orthez - 27 février 1814

 

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Ordre du maréchal Soult au lieutenant-général Reille donné le 26 février

« Monsieur le lieutenant-général comte Reille prendra le commandement des 4e (Taupin) et 5e (Rouget) divisions; et il donnera provisoirement des ordres à la 9e (Pâris). Il disposera aussi provisionnement du 21e régiment de chasseurs à cheval. Demain, au point du jour, il prolongera sa ligne jusqu'à Saint-Boës, gardant toujours la crête des montagnes et éclairant la route de Tilh et observant avec le plus grand soin le mouvement des ennemis en avant de Saint-Boës et dans le versant à gauche, qui donne sur Baigts et sur Ramous.
  Monsieur le comte d'Erlon fera opérer un changement de front aux 1er et 2e divisions (Foy, d'Armagnac). Il les placera à la position que la 2e division (d'Armagnac) occupait ce matin, ayant le ravin en avant d'elle et ne laissant que des postes sur le plateau traversé par la grande route, où ce soir ces deux divisions étaient établies. Il portera son artillerie sur le plateau en arrière vers l'embranchement de la route, qui conduit à Dax et à Salles-Pisse. Ainsi, Monsieur le comte d'Erlon sera au besoin en position de soutenir les divisions de l'aile droite aux ordres de M. le comte Reille et de défendre de front sa position. Il disposera provisoirement du 15e régiment de chasseurs à cheval.
  Monsieur le lieutenant-général Clausel portera pendant la nuit la 6e division d'infanterie (Villatte) en arrière d'Orthez; et il placera de manière à soutenir au besoin la 8e division (Harispe), ou se porter rapidement sur le plateau en arrière de Saint-Boës, pour joindre le restant de l'armée si l'ordre est donné. Pendant la nuit, les postes que la 6e division (Villatte) fournit sur le gave de Pau seront relevés par un ou deux bataillons de la 8e division (Harispe).
  La 8e division (Harispe) ne laissera à Orthez qu'un avant-poste pour défendre le pont. Elle aura aussi des postes, soutenus par un bataillon en avant du faubourg, qui est sur la route de Peyrehorade. Le surplus de la division sera établi, en échelon, en arrière de la ville depuis le vieux château jusque sur les positions en arrière dont la direction est presque parallèle à la route de Dax. Ainsi, la 8e division (Harispe) formera l'extrême gauche de la ligne; elle sera en mesure de défendre Orthez, si l'ennemi attaquait cette ville de front, et ensuite, si la division était forcée, elle pourrait manœuvrer par la même crête, de manière à avoir toujours l'avantage de la position, en s'appuyant de la gauche de la ligne et commandant par son feu la grande route de Salle-Pisse, de laquelle le général Harispe devrait toujours être maître.
  Si la 6e division d'infanterie (Villatte) était dans le cas de marcher pour se porter sur le plateau en arrière de Saint-Boës, M. le lieutenant-général Clausel marcherait avec elle; et, du moment qu'il aurait joint la ligne, la 9e division (Parîs) repasserait sous ses ordres. Dans ce cas, il donnerait les instructions à M. le général Harispe d'après ces dispositions.
  Le général P. Soult donnera à la légion des Hautes-Pyrénées, qui est à Larom (5 kilomètres de Pau), de se replier à la pointe du jour sur Pau pour défendre au besoin cette ville. Il donnera pareil ordre au 22e régiment de chasseurs à cheval et lui prescrira d'avoir constamment des partis sur les routes qui conduisent à Oloron et à Monein, en leur recommandant d'aller jusqu'à qu'ils aient vu l'ennemi. Il ordonnera au colonel Defossé de tenir un fort détachement à Lescar pour éclairer la grande route d'Orthez, afin d'être toujours instruit de ce qui s'y passera. D'ailleurs le 22e régiment de chasseurs à cheval et la légion des Hautes-Pyrénées seront à la disposition du général Coutard pour la défense de Pau. Ce général en sera prévenu, en même temps qu'il rendra compte aux généraux sur la ligne, et particulièrement au général Harispe, de ce qui se passera du côté de Pau. Le général P. Soult laissera deux régiments de cavalerie légère à la disposition du général Berton, ainsi que le 25e régiment d'infanterie légère; et il lui prescrira de garder le cours du gave depuis Lescar jusqu'à Orthez, en faisant garder les gués et les défendant même autant qu'il y aura possibilité. Si l'ennemi opérait un passage et que le général Berton fût forcé à se retirer, il ferait son mouvement dans la direction de Sault-de-Navailles, défendant le terrain pied à pied et empêchant l'ennemi d'avancer. Dans ce cas, le général Berton rendrait compte de ses mouvements au général Harispe et prendrait, au besoin, ses ordres. Le général Berton observerait avec soin de ne pas se laisser prévenir par l'ennemi à Sault-de-Navailles; et, s'il était forcé à se retirer jusque-là, il prendrait position de manière à pouvoir protéger le mouvement de l'armée.
  Après avoir donné ses instructions au général Berton, le général Soult partira avec les deux autres régiments de cavalerie qui sont avec lui sur la gauche, pour se diriger, par la montagne, sur Salles-Pisse, où il fera en sorte d'arriver à la pointe du jour.
  Si l'armée était obligée demain à faire un mouvement rétrograde, elle l'opérerait sur Sault-de-Navailles. M. le comte Reille manoeuvrerait de manière à porter une division à Amou pour défendre ce point.
  La réserve d'artillerie sera à Sault-de-Navailles.
  L'ambulance du quartier général sera à Salles-Pisse.
  La totalité des équipages de l'armée sera dirigée, pendant la nuit, sur Sault-de-Navailles.
  Les troupes du génie seront établis sur la route de Dax, à hauteur de l'embranchement qui conduit à Salles-Pisse, et travailleront immédiatement à la mettre en état.


Orthez, le 26 février 1814

Signé : Maréchal Duc de Dalmatie

P.C.C. Le lieutenant-général, Comte Gazan
Chef de l'état-major général »

Source :  Archives du SHD - cote : C8-121