Bataille d'Orthez - 27 février 1814

 

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Lettre du général Picton au colonel Pleydel

Cazères, 4 mars 1814

Mon cher colonel

Vous avez vu dans les journaux que nous avons rompu nos quartiers d'hiver, vers le milieu du mois dernier, et que nous avons commencé nos activités au milieu d'un gel. Nos premiers mouvements ne sont pas d'un grand intérêt et ont été calculés simplement pour cacher à l'ennemi nos véritables intentions. Nous avions trois des rivières à passer, et l'ennemi était préparé, dès notre premier mouvement, à faire sauter tous les ponts. Nous avons réussi, cependant, en effectuant le passage de la Bedouse, le Petit Gave, et le Gave d'Oleron, aux endroits où ils ne nous attendaient pas, et, le 26, la troisième division a passé à gué du Gave de Pau vers environ quatre heures de l’après midi, en repoussant les avant-postes de l'ennemi et a pris position à quatre miles de l’armée du duc de Dalmatie, qu’il a concentrée dans une forte position montagneuse en face de la ville de Orthez, sur le Gave de Pau.
La division légère et les quatrième, sixième et septième divisions sont passées pendant la nuit ou tôt le lendemain matin sur un pont de bateaux. Sa Seigneurie ayant reconnu la position tôt le matin du 27, a immédiatement pris ses dispositions pour l'attaque, qui devait être fait sur le centre et les deux flancs. Le flanc droit, qui repose sur un village d'accès difficile, devait être attaqué par la quatrième division, soutenue par la division légère et la septième division, le centre par sept bataillons de la troisième division, et le flanc gauche(1) par les trois autres bataillons de la troisième division, avec l'appui de la sixième division en réserve.
La quatrième division emporta deux fois le village et a été contrainte de battre en retraite avec une grande perte: mais, à l'arrivée de la division légère et de la septième division, l'ennemi a été contraint de reculer, avec la perte de deux pièces d'artillerie. Cela leur offrit la possibilité de se déployer et de poursuivre les avantages acquis. Entre-temps, les trois bataillons de la troisième division, soutenus par la sixième division, tournèrent le flanc gauche de l’ennemi le chassèrent d'une très forte position avancée où il avait une batterie formidable, et malgré la résistance la plus acharnée, s'établirent, en dépit d'une des plus obstinés résistance sur le flanc de son centre. Sa position a été une sorte de triangle, et les deux points extrêmes de la ligne de base ont été durement pressées et ont été incapables de se maintenir, alors que sept bataillons avancèrent contre le centre et le forcèrent à se retirer. À cet instant, il a commencé sa retraite, qu'il a protégé avec de grandes masses de l'infanterie, en prenant successivement les points les plus avantageux, et pendant un certain temps elle se fit dans l'ordre et avec une grande régularité, mais, comme le soir approchait, et nous pressions de manière significative sur leurs flancs, le désordre s'accrut progressivement; et, à la fin, les diverses colonnes, mélangées et dispersées, s'enfuirent dans toutes les directions, comme à Vitoria.
La nuit tomba rapidement, et nous avons été dans la nécessité d'abandonner la poursuite. Nous avons, je crois, huit pièces de canon, et une quinze cents prisonniers. Mais l'armée française est très désorganisée et bien diminuée par la désertion des conscrits et de la garde nationale, de sorte que je ne pense qu’elle se mesurera volontiers avec nous pour un certain temps.
Comme d'habitude, vous verrez par les Gazettes que nous avons eu une bonne affaire de cette mémorable entreprise et notre perte, ce qui représente huit cent vingt-cinq hommes, y compris les cinquante-trois officiers, dépasse celle de toutes les autres divisions. Ma santé a été remarquablement bien, et je pense que ça va durer pour voir la fin de ce mémorable combat.
Après avoir gagné la position avancée du flanc gauche de l'ennemi, nous avons été pendant près de deux heures exposés à une des plus sévères canonnade que j'ai jamais vues, l'un de nos canons de neuf livres a eu tous ces hommes de tués par la mitraille, et le capitaine Parker du génie, qui me servait comme aide de camp en cette occasion, a été tué près de moi par un coup de canon, en portant mes ordres. J'espère que cela ne va pas vous indisposer.

Mon cher colonel
Croyez-moi d'être
Le plus sincèrement et fidèlement à vous.
TH. Picton

 


My dear colonel

 

You will have seen in the papers that we broke up our winter quarters about the middle of last month, and commenced our operations in the midst of a hard frost. Our first movements were not of any great interest, and were merely calculated to blind the enemy as to our real intentions. We had three considerable rivers to pass, and the enemy on our first movement prepared to blow up all the bridges. We succeeded, however, in effecting the passage of the Bedouse, the Petit Gave, and the Gave d'Oleron, at points where they did not expect us; and, on the 26th instant, the third division forded the Gave de Pau about four p.m., drove in the enemy’s advanced posts, and took up a position within four miles of the Duke of Dalmatia's army, which he had concentred in a strong mountainous position in front of the town of Orthes, on the Gave de Pau.

The light, fourth, sixth, and seventh divisions passed during the night or early on the following morning over a bridge of boats. His lordship having reconnoitred the position early on the morning of the 27th, immediately made his dispositions for the attack, which was to be made upon the centre and both flanks. The right flank, which rested upon a village of difficult access, was to be attacked by the four division, supported by the light and seventh; the centre by seven battalions of the third division, and the left flank by the remaining three battalions of the third division, supported by the sixth division in reserve.

The fourth division twice carried the village, and was compelled to fall back with great loss: but, upon the arrival of the light and seventh divisions, the enemy was compelled to give it up, with the loss of two pieces of artillery. This afforded those divisions ground and opportunity to deploy and prosecute the advantages they had gained. In the mean time the three battalions of the third division, supported by the six division, turned the enemy’s left flank, drove him from a very strong advanced position where he had a formidable battery, and established themselves, notwithstanding a most of obstinate resistance on the flank of his centre. His position was a kind of triangle, and the two extreme points of the base line were hard pressed and unable to maintain their ground, when seven battalions advanced against the centre and forced it also to fall back. At the moment he began his retreat, which he protected with large solid masses of infantry, successively taking up the most advantageous ground that offered; and this was for some time made in great order and regularity, but, as the evening approached, and we pressed rather hard upon their flanks, the disorder gradually increased, and the different columns at length mixed and dispersed, running off in all directions, as at Vittoria.

It soon became dark, and we were under the necessity of giving up the pursuit. We took, I believe, eight pieces of cannon, and about fifteen hundred prisoners. But the French army is greatly disorganized and much diminished by the desertion of the conscripts and national guards, so that I do no think the will volunteer meeting us again for some time.

As usual, you will see by the Gazettes that we had a fair part in this memorable business and our loss, which amounts the eight hundred and twenty-five, including fifty-three officers, exceeds that of any other of the divisions. My health has been remarkably good, and I think it will last to see the end of this memorable struggle.

After we had gained the enemy's advanced position of the left flank, we were for nearly two hours exposed to the mist continued and severe cannonade I ever witnessed; one of our non-pounders had every man killed by round-shot; and Captain of the Engineers, who acted as my aide-de-camp on the occasion, was killed close to me by a canon-shot, whilst carrying my orders. I hope this will find you free from indisposition.

 

My dear Colonel

Believe me to be

Most sincerely and faithfully yours.

TH. Picton

 

Note :  (1) Le général Picton parle vraisemblablement ici de l'extremité gauche du centre de l'armée française et non de son flanc gauche organisé autour des troupes du général Harispe

 
Sources :  "Memoirs of Lieutenant-General Sir Thomas Picton" Vol II.